Tu ne tueras pas !

Cette semaine, lundi, lors d’un dossier à Radio Vatican, le Père Patrick Desbois révèle les massacres perpétrés en Ukraine. Faute de temps, nous n’avons entendu qu’une partie de son entretien avec le journaliste Olivier Bonnel. Je me permets de vous livrer la finale en 2 questions qui lui ont été posées et qui n’ont pas été entendues. Il nous faut la force de l’Esprit pour entendre jusqu’au bout son témoignage.

Question du journaliste :

Si l’on doit donner une lecture spirituelle à cette horreur, père Desbois, quelle serait-elle? Là, on s’interroge évidemment sur le mystère du mal…

Il y a deux points pour moi, il y a que le crime originel de Caïn sur Abel, malheureusement, n’est pas achevé; Caïn continue de tuer Abel et il faut aider Abel à se défendre je dirais, et aussi à faire établir les preuves. L’autre chose, c’est que la tentation d’être assassin, apparemment, continue de séduire beaucoup de gens. Il faut qu’on l’enseigne aux gens: la conscience humaine est fragile. Et ce péché grave qui est d’enfreindre ce commandement « Tu ne tueras pas », on aurait pu penser que c’est un commandement qui ne concerne que des voyous, des psychopathes, etc.… alors que pas du tout. Cela concerne des centaines et des centaines de jeunes Russes de tous âges, comme cela peut concerner d’autres pays. Je pense donc qu’il faut éduquer la jeunesse en disant « attention, il n’y a pas les bons et les méchants ». Chaque homme est fragile et tout homme, lorsqu’il est pris dans un univers où il est devenu légal de tuer, où l’on abolit le commandement du « Tu ne tueras pas », peut se réveiller en un monstre.

Aux jeunes à qui j’enseigne, je dis «ne croyez pas que l’assassinat c’est l’affaire des autres », cela dépend de là où vous êtes, et si un jour on vous autorise à tuer une partie des gens, peut-être que vous changerez parce que vous aurez envie de prendre la maison, vous aurez envie de vous en approprier les biens. La conscience humaine est très fragile et ce commandement « Tu ne tueras pas », que l’on dit très ancien, malheureusement, doit être ré-enseigné avec force. Rien ne justifie l’assassinat de l’autre, quelle qu’en soit la cause religieuse, nationale, il n’y a jamais une raison suffisante.

Autre question du journaliste :

Comment, à titre plus personnel, vous qui travaillez depuis des années sur ces crimes, arrivez-vous à garder la foi, à garder l’espérance?

Dans ma vie personnelle, l’oraison est extrêmement importante parce que l’on contrôle ses jours, mais on ne contrôle pas ses nuits, on peut rêver de choses terribles. Chaque matin je dirais, il faut se refaire face à Dieu, il faut renoncer à soi-même. Pour moi, la phrase-clé aujourd’hui, c’est: « Que celui qui veut me suivre renonce à soi-mêmequ’il prenne sa croix et qu’il me suive ». Donc, chaque jour, je dirais c’est renoncer à soi, y compris à ses craintes etc. Se remettre face à Dieu et se remettre au travail, c’est la seule position que je peux tenir. Je ne veux jamais faire de théologie sur le malheur, mais soi-même, il faut se refaire. Et s’il n’y avait pas l’oraison quotidienne, jamais je n’aurais tenu.

Mise à jour 19/10 : dans un rapport publié mercredi 19 octobre, l’ONG Human Rights Watch révèle que les forces russes ont bien torturé des civils à Izioum, plusieurs survivants décrivant des passages à tabac, des chocs électriques et des simulacres de noyade.

Vigilance, prudence et prières sont les 3 mots à retenir de cette entrevue avec le Père Patrick Desbois.

Denis Veilleux

 

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