Thomas est touché
Lors d’un échange, une personne m’a posé cette question à laquelle j’avais depuis plusieurs années réfléchi. L’Apôtre Thomas, absent lors de la venue de Jésus le soir de la Résurrection, avait refusé de croire les autres, affirmant qu’il lui faudrait mettre ses mains dans les plaies de Jésus pour croire à ce qu’ils affirmaient. La question est celle-ci : lorsque ‘huit jours plus tard’ nous dit le texte de l’évangéliste St-Jean, Jésus leur apparaît alors que Thomas se trouve présent; a-t-il mis ses mains dans les plaies du Ressuscité ? Je crois qu’il faut nous référer toujours au texte des Écritures.
C’est bien plutôt Thomas qui est touché par la vue des plaies de Jésus et davantage par les paroles qu’il entend et qui font échos exactement à celles de son incrédulité prononcée.
Il y a une double preuve : celle d’entendre ses propres mots et la vue des plaies.
L’Évangile de Jean est rempli de détails sur les lieux, dates, objets…Il écrit tout. Or, il n’écrit pas que Thomas a touché le Corps du Ressuscité qu’il voit, mais il écrit son credo de l’instant : « Mon Seigneur et Mon Dieu! ». Les paroles que Jésus a dites : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté », et qui reprenaient celles que Thomas avait prononcées ne sont pas une injonction, ou un ordre; elles sont le mémorial de son incrédulité. Puis, il s’entend dire : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu! ». Il se trouve devant Jésus qu’il a fréquenté depuis trois ans mais dont l’aspect est tout autre. Tout est nouveau dans l’Être du Ressuscité à l’exception des plaies qu’Il a conservées. Thomas, s’étant enfui comme les autres, n’a pas même vu les plaies de Jésus de Nazareth. C’est l’Apôtre Jean seul, à la Croix, qui en est l’unique témoin avec Marie la Mère de Jésus, Marie de Magdala et l’autre Marie. Pourtant, la preuve qu’il demandait à voir était fondée sur le témoignage de Jean dont il ne doutait pas. Le test qu’il demandait en est la preuve : les fameuses plaies du Crucifié qu’il veut toucher pour croire.
Or, le texte ne dit pas que Thomas s’est exécuté comme un incrédule qui passe à la croyance en touchant le Corps de Jésus. C’est tout le contraire! C’est à l’audition et à la vue des plaies qu’il devient croyant.
« Cesse d’être incrédule, sois croyant! » dit tout, sauf qu’il Lui a touché. L’entendre et le voir suffisent. S’il l’avait touché, pourquoi Jean ne l’aurait-il pas écrit? Or, il ne l’a pas écrit!
Sur un autre plan, humain et psychologique, nous pouvons penser que toute personne aurait été saisie dans une attitude de ‘retenue’ devant le Maître. Aucun autre Apôtre ne s’est jeté sur Lui après sa Résurrection tellement étonnés de le voir différent.
Notre foi ne repose pas sur une opinion mais sur un texte.
En me référant à Bernadette Soubirous, la voyante de Lourdes, et sa manière de tourner les phrases, on pourrait l’entendre dire :
« Quand le texte ne le dit pas, comment peut-on le lui faire dire? »
C’est Thomas qui a été touché par la vue et les paroles de Jésus.
Denis Veilleux