On ne joue pas avec la vie

Dans l’avion qui le ramenait de Marseille à Rome, le pape François a redit de façon claire et sans équivoque : ‘on ne joue pas avec la vie, ni au début ni à la fin!’. Il a évoqué une idéologie fausse de la douceur. Il indique ici, que la technique ne suffit pas et ne suffira jamais à offrir la véritable douceur que peut suggérer la mort, incluant la souffrance dans le vrai soulagement thérapeutique. La douceur véritable vient de l’affection et de l’amour de tout l’entourage, qu’il soit familial, médical ou amical.

Récemment, une dame, consciente des dernières heures de sa vie en ce monde, a fait venir toute sa parenté et ils étaient nombreux pour les saluer une dernière fois. Le chagrin n’enlève pas la douceur. Le lendemain, elle entrait dans une perte de conscience irréversible, prélude à sa mort.

On ne joue pas avec la mort : c’est prendre sa vie en mains et offrir dans l’affection profonde quelques paroles qui ne s’effaceront pas, prononcées dans la douceur de la tendresse. À l’écoute d’elle-même, elle a pressenti que l’heure de son départ était imminente. La vraie douceur ne trompe pas.

Prolongeons cette réflexion avec ces paroles de Saint François d’Assise au 13ième siècle.

« Bénie sois-tu ma sœur, la mort corporelle! »

Sœur de qui, de quoi? Peut-être sœur de mon esprit, de mon âme, de mon corps, puisqu’ils émergent au monde ensemble. C’est une très belle poésie qui montre ses mains de paix comme aimait le faire le saint d’Assise. Ces ‘sœur et frère’ se séparent au moment où le dernier souffle est donné, non sans la promesse de se retrouver transfigurées. La résurrection de la chair sera l’ultime don de se retrouver dans l’Unité, Don de Dieu avec Dieu. Sans parole, ils seront Un dans le monde nouveau accomplit dans la chair ressuscitée. Conçues et nés ensemble en vue de Dieu, c’est apparaitre sous le Visage de Celui que nous verrons. Âme et corps ressuscités sont faits pour se voir sans disparaitre. Un seul corps, une seule âme, pour l’éternité.

Le Cantique des Créatures de François d’Assise commence par ‘Laudato Si’. Loué sois-tu adressé au Créateur. Le vivant s’adresse au Vivant, à Dieu, par tous les éléments de cet univers dont il perçoit le don fait à toute créature.

C’est une manière de garder les yeux ouverts aujourd’hui comme au 13ième siècle.

Denis Veilleux

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