Les oiseaux de sœur Simone

Elle était venue au Québec sur une période de 6 mois lorsque j’ai connu sœur Simone. De nationalité française, elle était simple, joyeuse, et aimant particulièrement les oiseaux dont elle parlait tous les jours. C’était pour elle une envolée du cœur. De fait, à Paris, là où elle vivait, il y avait une volière de multiples oiseaux dont elle s’occupait en plus du service auprès de personnes âgées. À Québec, lorsque je la voyais parfois pour un repas, j’apportais souvent un pain baguette ou des croissants. C’était une manière de lui faire plaisir tout autant qu’aux autres qui étaient attablés.

Lors des séjours dans la Ville lumière pour le travail, il m’est arrivé souvent de lui rendre visite. Toujours contente, elle ne manquait pas de m’amener voir les merveilles qu’elle chérissait dans cette volière d’oiseaux. Elle les connaissait tous.

Lors de mon dernier séjour, je la revis dans un contexte particulier. Elle ne savait pas que j’étais à Paris. Je me présentai en matinée au moment où se déroulait des funérailles. Je reconnus sœur Simone avec un masque que je portais également à la demande de celle qui m’accueillit. Plusieurs personnes âgées se trouvaient dans la chapelle. Sœur Simone était comme un oiseau à servir les prêtres qui arrivaient, souvent en fauteuil roulant. Elle leur donnait une étole – comme des ailes – pour la célébration de la messe. Évidemment, elle ne pouvait savoir que j’étais là.

Puis, vint le moment où je me présentai, sans masque. Elle était si contente de me retrouver parlant de son séjour au Québec. Je l’écoutais exprimer sa joie. C’est alors que je demandai : « et les oiseaux? » Sa réponse fut immédiate : « un tout petit vient de naitre, il y en a 47! » C’était le bonheur sur terre!

Sœur Simone est pleine d’oiseaux dans sa vie de religieuse. Combien de fois a-t-elle médité sur ces volatiles pour comprendre le sens de sa vie et son passage en ce monde.

« Regardez les oiseaux du ciel, ils ne sèment ni ne moissonnent, et le Père Céleste les nourrit » dit Jésus en Mt 6,26

La vie de service de sœur Simone a certes eu ses difficultés, ses défis, ses peines, mais cette joie que les oiseaux suscitent en elle transfigure tout. C’est sa passion!

Lors de son séjour au Québec, une dame, voyant cette passion qu’elle avait pour les oiseaux, proposa de lui offrir une cage avec un ou deux volatiles. Elle en était ravie. Il n’y eut jamais de suite à cette proposition. Jamais elle ne s’en plaignit.

Il y a en ce monde des personnes humbles, simples, mais dont le cœur est passionné.

Les oiseaux, comme c’est parlant dans la liberté d’une volière!

Denis Veilleux

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