Le premier amour

Le temps de la Résurrection est le temps de l’Amour. Or, nous sommes loin des scénarios qui nous sont présentés comme des mirages où les sentiments sont gonflés à en perdre la vue. Toutes ces histoires dont les nouvelles nous annoncent les plus beaux avenirs se dégonflent parfois tristement. L’amour est toujours réjouissant mais lorsque les différences apparaissent, l’éloignement des cœurs n’attend pas quand ce ne sont pas des drames qui s’affichent.

Dans l’évangile, un scribe demande à Jésus quel est le premier des commandements.
Il répond : ‘Écoute Israël, le Seigneur Notre Dieu est Un. Tu aimeras le Seigneur Ton Dieu…’ Jésus appelle une première attitude, comme un claquement de doigts pour nous éveiller : Écoute! Ce qui veut dire ‘Entends avec tes oreilles et ton cœur. Dispose-toi, prépare-toi, sois attentif, attentive…’ Puis, il ouvre cette attitude au premier des sentiments : le moteur de tout engagement envers Dieu. Il ne suffit pas de croire mais d’aimer. Il ajoutera ‘tu aimeras…’ Le second commandement dit-il, est semblable au premier : celui d’aimer son prochain. Encore faut-il croire que le prochain doit être l’objet de ma bienveillance.

Thérèse de Lisieux a des pages magnifiques dans lesquelles elle écrit qu’elle est en quête de trouver sa vocation alors qu’elle est carmélite. Elle désire ‘ être Apôtre, prêtre, martyr.’ Elle évoque les premiers chrétiens soumis à la gueule des lions, de saint Jean ébouillanté, de Jeanne d’Arc prononçant le nom de Jésus sur le bûcher. Or, elle dit que cela ne lui suffit pas. Alors elle poursuit ses recherches en lisant la Lettre de saint Paul aux Corinthiens et découvre le trésor qui renferme tous les autres. Elle comprends que l’Église est un corps, le Corps du Christ dont nous sommes les membres et si le cœur manquait d’amour, les Apôtres n’évangéliseraient plus, et ainsi de suite telle une anémie du Corps de l’Église. Elle s’écrie : ‘Dans le Cœur de l’Église, je serai l’amour.’ Elle comprend qu’elle aura ainsi toutes les vocations qu’elle désirait.

Nous sommes donc invités à écouter l’Amour pour le vivre et le donner. Notre vie prend de cette façon un nouveau relief ainsi que nos familles, nos milieux de travail, notre ville, nos sociétés, et enfin notre monde. Le déploiement de l’amour de charité est le désir du Ressuscité qui nous montre les plaies de son Corps Glorieux. Ce Temps pascal est une période privilégiée pour nous inspirer.

C’est précisément le commandement nouveau donné par Jésus : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »

Denis Veilleux