La passion selon Kim

Il y a de ces rencontres qui ne s’oublient pas. C’était un matin lors d’un petit déjeuner.

Je me trouvais avec la mère de cette jeune femme qui entra et vint s’assoir. Elle avait l’allure d’une ballerine. Lors de la conversation, sa mère évoqua un spectacle donné par sa fille. Je demandais ce dont il s’agissait. Elle faisait de l’art avec un cheval, son cheval. C’était merveilleux de l’entendre comment il fallait prendre ce cheval comme un diamant brut et le polir pour l’amener à cette union de pensées; la sienne et celle de l’animal. Comme cet art n’est pas très développé au Québec, elle dut aller au Portugal et en France et ailleurs pour apprendre, se parfaire, comprendre et vivre sa passion. Il lui fallait revenir avec des papiers, bien signés, pour que sa compétence et son art soient reconnus ici, chez elle, chez nous. Elle disait qu’il lui fallait amener l’art du cheval afin qu’il brille et non pas elle. Faire briller l’animal était son art.

Comme nous échangions en zigzag, elle raconta une anecdote. Elle devait être adolescente lorsqu’en hiver, elle se trouva devant une toute petite fille sans manteau. Ses parents, modestes, lui avait acheté un manteau très chaud de 600 dollars pour évoluer dans ce monde des chevaux. Le corps ne doit pas se refroidir longtemps. Voyant cette fillette sans manteau, elle lui donna le sien pour toujours, pour toute la vie… comme elle le précisa. Puis, à son tour, elle se mit à greloter et à chercher la chaleur. Elle raconta que son père lui avait dit :

– On ne donne pas ce qu’on n’a pas!

Je crois qu’elle était restée avec cette phrase du paternel.

C’est alors que je lui dis :

– Mais tu as donné ce que tu avais!

Elle reprit, étonnée,

– Mais oui, je l’avais!

Ce fut comme un déclic.

Toujours animée par la passion de son art et des chevaux, elle se fraie aujourd’hui un chemin dans le monde de l’éducation. Je ne sais combien de fois elle a dit qu’elle rencontrait dans ce milieu des gens épuisés, sans distinguer les jeunes des adultes. Elle a charge des petits qui parfois sont en crise. Elle applique la même méthode auprès d’eux que celle auprès des chevaux. Elle les prend, trouve un point d’appui, et les amène au doucement au calme. C’était magnifique de la voir raconter.

Son bonheur est au-dedans et l’irradie. Elle est là pour faire briller les autres. Comme nous sommes loin des EGOS monstrueux d’artistes et d’athlètes qui foncent sur les projecteurs.

La parole de Jésus qui me vient est celle-ci :

« Je suis venu pour que vous ayez la Vie, et la Vie en abondance! »

Ah oui, il ne faut pas oublier le manteau donné pour toute la vie. L’autre parole de Jésus illustre ce qu’une pauvre veuve a fait en se rendant au Temple et mettre dans le tronc des offrandes ses deux piécettes.

« Elle a donné plus que tous les autres » dit Jésus. « Tout ce qu’elle avait pour vivre. »

Denis Veilleux

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