La migration des Écritures

Le spectacle des migrations des outardes est fascinant. Ce que nous voyons de manière extérieure nous parle comme un langage plus profond que ce que nous voyons. Il suffit de prendre le temps, de s’y arrêter, et de laisser monter en nous ce langage intérieur dont le dehors est comme un miroir.

Je voyais un ensemble d’outardes dans le ciel au-dessus du Fleuve. C’était magnifique de les voir ensemble dans une sorte de chorégraphie dont les instincts millénaires n’ont rien à envier à nos GPS. Chacun prend sa place dans cette symphonie, comme un Hymne à la Beauté du monde. Puis, tout en continuant d’admirer l’ensemble, je vis l’un d’eux trainer de la patte, loin, très loin derrière le groupe des outardes. Je le fixai longtemps dans sa trajectoire. Décidemment, il désirait rejoindre l’ensemble de la chorégraphie. Je suivais son rythme, son accélération par rapport à tout l’ensemble qui se déplaçait. Il le fit si bien qu’il finit par rejoindre la totalité au point où je le perdis de vue dans cette migration des outardes.

Ce que je voyais laissait monter en moi des impressions : celle du courage, de la détermination, d’une certaine solitude, du désir de retrouver les autres et surtout de l’effort à les rejoindre. Ce n’était plus l’ensemble des outardes qui me parlait, c’était le dernier qui avait accusé un tel retard mais dont la ténacité avait rejoint tous les autres.

Le courage de ne pas se laisser aller, de ne pas se décourager devant les écarts, de continuer coûte que coûte à avancer. De fait, il avait déployé ses ailes plus que tous les autres pour les rejoindre dans leur rythme et faire corps avec l’ensemble.

Et si nous transposions la Vie de Jésus en regard de cette migration, je dirais que « Dieu a tellement aimé le monde qu’il nous a envoyé son Fils pour que quiconque croit en Lui ait par Lui la Vie éternelle. »

Ce dernier, envoyé par le Père, a rejoint tous les autres pour entrer dans leur rythme et devenir avec eux un seul Corps. « Il s’est fait l’Un de nous », et par le désir immense de son Amour il n’est pas en retard en rejoignant l’Humanité comme elle est, pour se perdre en elle. C’est ainsi qu’Il prendra la tête de la grande migration humaine pour nous mener vers le Père.

Il est clair que ce n’est pas ce que j’ai vu en premier, mais en méditant la vision du réel on peut tomber dans une parabole dont la Parole de Dieu nous donne des ailes. Nous entrons dans une migration intérieure et nous comprenons mieux notre vie, celle de Jésus et le dessein du Père pour le monde.

Je n’ai jamais vu l’outarde prendre la tête de l’ensemble mais la Parole de Dieu m’y conduit en pensant qu’il aurait pu le faire dans cet effort étonnant dont j’étais témoin.

Laissons parler en nous ce que nous voyons et osons nous promener dans Les Écritures.

Plus que les migrations, nous y goûterons l’Incarnation du Fils de Dieu, Jésus Ressuscité, présent dans nos vies.

Denis Veilleux

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