Brève convalescence sans Jell-O

C’était dans une infirmerie. Quelques chambres étaient également réservées pour des personnes en convalescence. Après une intervention chirurgicale, on pouvait les accueillir quelques jours. Ce qui fut dans ce cas précis une alternative.

Le personnel soignant, fort aimable, voyait à ce que tous les patients soient bien encadrés.

Il y avait une atmosphère de paix, de joie, sur l’étage où se trouvait le convalescent qui peu à peu conversait avec les bénéficiaires à l’infirmerie.

C’était un milieu privilégié de repos et de bienveillance.

L’heure du repas du soir était à 16 h 30. Ce qui veut dire que dès 16 h 15 un mouvement des soignants et des soignés se dirigeait à la cafétéria de l’étage. Les permanents avaient tous leur place désignée. Le repas fut servi et chacun avait le loisir d’échanger quelques paroles.

En face du patient convalescent, se trouvait un bénéficiaire de longue durée. Ils échangèrent quelques mots. Puis vint le dessert. C’est alors que le bénéficiaire de longue durée dit avec vigueur : « On n’a jamais de Jell-O! Jamais! ». Puis, il ajouta : « pendant des années j’ai fait la cuisine pour 300 jeunes dans une école! »

Du Jell-O comme dessert! Étonnante considération.

La convalescence terminée, le patient quitta l’infirmerie pour sa demeure.
Quelques jours plus tard, il revint, se rendit à l’étage où il avait séjourné et vint frapper à la porte du bénéficiaire de longue durée. Ils se saluèrent avec cordialité. Puis, il ouvrit un sac dans lequel il y avait des contenants de Jell-O à différentes saveurs, prêts à manger. Le visage de l’autre s’illumina. Ils se quittèrent avec la consigne de ne rien dire à personne. Le geste suffisait à contenter autant le donneur que le receveur.

Les besoins sont immenses, nous le savons. Mais ces petites choses qui manquent et qui font tant plaisir, les entendons-nous?

« Goûtez et voyez comme est Bon le Seigneur. »

Nous goûtons la Bonté du Seigneur quand nous voyons de petits gestes nous mettre au monde le temps d’un dessert.

Denis Veilleux