Aux soins palliatifs
Il fallait me rendre d’urgence auprès d’une patiente en soins palliatifs. Dans un Centre hospitalier imposant. On m’avait informé que la patiente allait basculer dans le coma. Cependant elle était toujours consciente. Je demandai à un collègue de m’y conduire sans délai. Je ne pouvais prendre mon automobile, chercher le stationnement surtout à l’heure de pointe qui commençait. Il me conduisit et je l’en remercie.
J’entrais alors dans une ville…; un hôpital au Québec est une ville avec des rues, des artères, des haltes. Surtout que nous étions dans un changement de chiffres pour le travail. Plusieurs entraient, plusieurs quittaient. Le jeune préposé à l’accueil m’indiqua d’une manière exemplaire comment me rendre à la chambre de la patiente. Voyant mon inquiétude à m’y retrouver dans ces dédales, il me regarda, prit le billet qu’il m’avait donné sur lequel un plan était nettement indiqué et me dit : monsieur ce n’est pas compliqué…et il reprit en désignant les espaces le tracé de mon chemin.
J’y arrivai. Elle était seule du côté Est, celui de l’Orient, celui de la Résurrection. Elle était à la limite du conscient. À ma voix, le rythme de son cœur et de son souffle s’accentua. Je savais qu’elle entendait. Je pris le temps de lui dire quelques mots, de prier, tout en employant les mots qu’elle disait pour parler de Dieu, du Père et de Marie Notre Mère. Elle n’ouvrit jamais les yeux. Je la bénis. Puis, voyant sur une table tout près une petite éponge, je pris le temps d’humecter la bouche comme je l’aurais fait à Jésus sur la croix : « J’ai soif! » avait-il dit sur le lit de sa croix.
Près d’elle, il y avait un grand dessin du visage de Jésus. Artiste, au cours des dernières années de sa vie, elle ne dessinait que le Visage de Jésus. Elle avait le soin par le Visage de nous montrer son Cœur.
Puis je la quittai sans la quitter par la prière.
Je suis revenu en taxi dont le conducteur me parla du froid de l’hiver, de la tour de Babel, de l’éducation de ses enfants. Il ne me connaissait pas et moi non plus. Quand il comprit que je rentrais à la Maison Radio Galilée il dit : ‘ j’écoute cette radio, j’écoute « La Parole! ». Vous faites un travail extraordinaire!’
C’est ainsi que Dieu parle au quotidien.
Denis Veilleux