Une parole qui vient de loin

Une personne m’a raconté comment une parole de sa professeure l’avait marquée.
Parler d’une professeure alors qu’on est à un âge avancé nous amène au siècle précédent. Quelle est cette parole qui vient de loin? « Amenez toujours l’autre à votre hauteur! »

Je ne compris pas sur le champs cette parole d’un autre âge, mais à mesure des explications que je recevais je pouvais traduire : « l’autre, nous devons toujours le rendre meilleur, l’amener à grandir ». Ainsi, cette parole qu’elle avait retenue toute sa vie éclairait l’être de service appelé à aider constamment l’autre à évoluer de manière grandissante et belle.

Pour démontrer son argumentaire, elle exposa un exemple qui m’apparut être ce qu’elle avait vécu et vu : ‘ à la fin d’une année scolaire, il y avait la présentation des jeunes pianistes par le professeur de musique. Chaque étudiante devait, au cours de l’année, apprendre par cœur un morceau et l’interpréter à la fin de l’année scolaire devant une salle bondée de professeurs, des parents des élèves, en somme tout le monde. Un jour, une élève commença à jouer son morceau puis s’arrêta brusquement sans pouvoir continuer. C’est alors qu’on entendit dans la salle courir des murmures jusqu’à entendre qu’elle n’aurait pas dû se présenter puisqu’elle s’était arrêtée. La professeure de musique se leva et se rendit près de la jeune musicienne et lui dit quelques mots : ‘…prends une ou deux bonnes respirations… je sais que tu connais par cœur ton morceau et recommence!’ Toutes les personnes dans la salle gardaient le silence. La jeune musicienne recommença et réussit à rendre de manière excellente la totalité du morceau sans s’arrêter! C’est cela ‘amenez l’autre à sa hauteur et non pas l’abaisser par dépit.’

Toute sa vie, jusqu’à maintenant, cette personne âgée s’était rappelée non seulement la parole entendue mais le geste qui l’accompagnait.

Dans la première Lettre de Jean au chapitre 3, versets 18, nous lisons : « Petits enfants, n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité. »

De la parole aux actes illustrent bien ces pages de vies. Faire grandir l’autre est une œuvre d’éducation mais aussi de charité. L’amour n’écrase pas, il prend patience, rends service, ne jalouse pas, supporte tout, espère tout.

Quelle belle leçon de vie entendue il y a plus d’un siècle et qui nous parle encore aujourd’hui. N’arrêtons pas l’élan vital d’une personne, surtout d’un enfant lorsque l’on sait tout le travail qu’il a déployé même s’il s’arrête le temps d’un trou de mémoire.
La charité vient au secours du manque et redonne l’espoir.

Denis Veilleux