Réfléchir la Parole de Dieu
La Parole de Dieu, parfois, nous surprend. Nous pouvons avoir lu des passages une ou plusieurs fois sans que telle expression ou tel mot nous ait touchés. Dans la Première Lettre de saint Paul aux Corinthiens, au chapitre 8, verset 1, nous lisons : « La connaissance rend orgueilleux, tandis que l’amour fait œuvre constructive. »
Toute notre vie, nous sommes invités à connaître, à savoir, à apprendre. Les architectes, les philosophes, les savants, celles et ceux qui font le grand saut vers l’espace pour y être quelques mois en orbite. Tout nous intéresse. Comment l’orgueil peut-il avoir préséance au cœur de la connaissance si l’amour de son côté, comme le dit le texte, construit? L’orgueil de la connaissance serait-il destructeur? Les diplômes, les médailles, les trophées, les reconnaissances en ce monde sont-elles un levain qui fermente le cœur humain au point où l’orgueil se développe contre la personne elle-même et les autres? Il est fort possible qu’il en soit ainsi.
Lorsque l’on voit les avancées nucléaires, les découvertes de tant de possibilités de grandir ou de réduire l’être humain, l’orgueil est une épée qui tue. Une épée qui devient menaçante et destructrice, tout le contraire de l’amour. Gonfler sa poitrine, se croire le nombril du monde, faire l’Histoire comme nous l’entendons souvent, sont des orgueils démesurés qui finissent par des écroulements. La connaissance rend orgueilleux, dit le texte, alors elle est un piège ou une tentation. Elle produit un effet égoïste chaque fois qu’elle n’est pas redonnée à la totalité du monde. Lorsque Pasteur et Marie Curie ont fait leurs découvertes, elles ne sont pas restées entre leurs mains. Cette connaissance a été offerte au monde. La connaissance peut donc être constructive.
Il en va de même pour l’amour qui ne construit pas toujours quand il emprunte les visages du contrôle et de traits narcissiques. Le texte aux Corinthiens écrit : l’amour fait œuvre constructive. Et lorsque nous lisons les phrases suivantes, nous comprenons que cet amour ne peut être que le reflet de l’amour de Dieu qui nous connaît. Faire œuvre constructive, c’est penser à l’autre, aux autres. Tout le contraire du repliement sur soi. C’est une œuvre d’ensemble qui appartient à l’ensemble et qui implique chacun. Il n’y a pas une prise de possession de cet amour. Il est au service de ce qui construit, édifie et unifie la personne, les personnes et le monde.
Il serait facile de se démarquer de l’orgueil et de se ranger du côté de l’humilité. C’est un long chemin que celui de la dépossession de soi. Il serait tout autant orgueilleux que notre participation à cet amour soit une œuvre constructive, en nous voyant comme celle ou celui qui a déterminé le mouvement de l’ensemble.
La vigilance, soutenue par ces paroles, nous invitent à la connaissance en vue des autres et à œuvrer ensemble pour le bien de chacun.
Première lettre de saint Paul aux Corinthiens, chapitre 8, verset 1.
Denis Veilleux