Osons faire du pouce
La manière de lire les Écritures est variable. Un théologien, un exégète ou un bibliste le feront avec la formation reçue. Mais lorsque le même texte est lu par un psychanalyste, un agriculteur ou une thérapeute, les mots résonnent autrement.
Récemment, je lisais un commentaire d’un extrait de l’évangile par une psychanalyste. D’abord, elle va trouver le texte original, la plupart du temps en grec ancien ou parfois en hébreu. Là, elle fait un premier ménage et enlève les ajouts que nos traductions ont proposées. Plusieurs ajouts, selon elle, déforment le sens et la version originale. Je n’évoquerai pas d’exemple.
Ce qui m’a instruit c’est le lien qu’elle fait comme psychanalyste entre le désir et l’énergie. Il semble que si nous n’avons pas d’énergie, de force ou d’entrain pour une chose, c’est que le désir n’y soit pas. Pas de désir, pas d’énergie. Et autrement, si l’énergie est là, c’est que le désir vient de la personne même et non pas d’un autre. C’est elle ou lui qui décide, qui assume le désir, et le met en mouvement avec l’énergie qu’il ou qu’elle déploiera. Intéressant!
Je me suis demandé ceci. Ai-je toujours le désir? Ai-je encore l’énergie? Il y a tant de facteurs qui révèlent l’un ou l’autre aspect. J’ai tenté de trouver dans l’évangile un mot qui m’aiderait à comprendre ce qu’elle exprime. J’ai trouvé cette parole de Jésus : ‘Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur!’
C’est déjà un pas. Le trésor est ce qui motive le cœur!
Or, quand il n’y a pas de trésor, de désir, ni d’énergie, que pouvons-nous faire?
Demander à Dieu de nous secourir, de nous aider afin de retrouver et le désir et l’énergie.
C’est à peu près ce que nous lisons dans les Actes des Apôtres lorsque saint Paul, après avoir essuyé tant de difficultés, avoir été battu, à la limite du dernier souffle et que subitement quelque chose se passe. Il retrouve par exemple ses amis. Le texte nous dit que désespérant de tout, il reprend courage. C’est l’Esprit-Saint qui permet de retrouver l’énergie et le désir de Celui qui l’envoie partout annoncer l’Évangile de la Vie. Tous les obstacles sont vaincus par la force donnée par l’Esprit-Saint. Cela ne l’épargne pas d’essoufflements, de découragements, mais il prie au cœur des difficultés et des tempêtes et retrouve dans la Puissance de l’Esprit l’énergie et la force qui lui permettent de continuer.
Une expression populaire pourrait traduire : faire du pouce…en suppliant l’Esprit-saint qui l’anime de lui redonner l’espoir et l’énergie à poursuivre sa mission.
Nous aussi, faisons du pouce et acceptons que notre désir soit emporté sur le chemin où nous conduit l’Esprit qui n’est jamais à court d’énergie.
Denis Veilleux