Les larmes du 8 décembre à Rome

Voir et entendre pleurer le pape le 8 décembre dernier lors d’une prière adressée à la Vierge Marie, Place d’Espagne à Rome, a provoqué chez moi un pincement au cœur. Il s’agissait de sa demande répétée auprès de la Mère de Jésus à ce que cette guerre atroce – celle en Ukraine – finisse par finir.

Les larmes du pape ne sont pas les miennes, mais elles suggèrent qu’il en sait plus que moi, que nous tous, sur cette tragédie de ce pays martyrisé. Il en connait les horreurs au-delà de tout ce que nous lisons et voyons.

Le pape qui pleure devant sa Mère, c’est lui dire non seulement sa peine, mais sa fatigue devant la dureté des cœurs qui ne se laissent pas effleurer une seconde par la déchirure des enfants, parents, familles, jeunes, vieillards, tombés dans la mort ou déplacés ailleurs ou pétris sur place dans le froid de l’hiver. Sans Hydro, comprenons bien!

Si ‘chanter est prier deux fois’ comme l’écrivait Saint-Augustin, ‘pleurer serait prier cent fois, milles fois’ chaque vie détruite par la volonté de gens qui non seulement détruisent la vie humaine mais désirent manger jusqu’à leur terre.

Manger la terre de l’autre, c’est manger sa culture, sa langue, sa religion, son cœur. C’est cela la guerre : manger l’autre pour s’engraisser de pouvoirs et d’illusions.

Et puis le 10 décembre, à Oslo, ce fut la remise des Prix Nobel dans plusieurs disciplines partant des mathématiques et autres sciences jusqu’à celle de la Paix.

Des lauréats de Russie et Biélorussie ont été désignés ainsi qu’un Centre en Ukraine. Les deux premiers Lauréats sont en prison. Le Lauréat ukrainien, non.

La parole des deux premiers est muselée, celle de l’Ukraine, non.

La terre ravagée a encore la force de parler au monde entier pour dire haut et fort la version des atrocités. La responsable ukrainienne a dit : « on parle de la guerre en termes de chiffres ou de nombres; nous, nous allons nommer chaque personne meurtrie dont plus de 27 000 tuées. » Fin de l’extrait de citation.

Le nombre va donc se changer en noms. Nommer chaque personne, c’est la pleurer et la garder dans l’âme et la mémoire d’un peuple.

Il n’y a pas que les larmes du pape qui font jaillir nos sanglots, celles de tous les conflits du monde deviennent un océan de sang.

Je suis touché personnellement par cette guerre car je connais un prêtre ukrainien dont le prénom est Borys. Il vit à Kyiv. Il est venu 2 fois en Terre sainte avec des amis alors que j’étais leur guide.

Il y a plusieurs années, il est arrivé à Montréal, l’hiver. Attendu par un autre ami prêtre de son âge qui le connaissait avant moi, il me fut présenté. Je l’ai amené tout de suite dans un magasin pour lui acheter des bottes. Je prie pour lui tous les jours.

Prions cette ancienne prière à Marie :

‘ Sous ta garde, nous nous réfugions Sainte Mère de Dieu

Ne refuse pas la prière de tes enfants en détresse

Mais délivre-nous de tout danger

Ô toujours Vierge, Glorieuse et Bénie ’

Denis Veilleux

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