Les Carêmes de Marie (4)
Le contrôle du clan de la famille de Jésus est certes devenu pour la Mère de Jésus un poids. Elle qui connaît la respiration de son fils subit l’asphyxie des gens de sa famille, la parenté élargie qui le qualifie en disant « qu’il a perdu la tête! ». IIs viendront là où Il se trouve pour l’arrêter et mettre de l’ordre à leur manière.
Jésus est dans une demeure et annonce le Règne de Dieu. Un règne intérieur par le Souffle de l’Esprit qui rassemble en une autre famille plus grande, la première famille humaine. Comme Il le souhaite, le clan familial de Nazareth demande à Le voir. C’est ce qu’on rapporte à Jésus à l’intérieur de la demeure. « Ta mère et tes frères – on peut dire cousins – sont là dehors! »
Il répond clairement : « Ma mère, mes frères et sœurs sont ceux qui entendent la Parole de Dieu et qui la mettent en pratique! ».
Des théologiens sérieux semblent croire que Marie ait eu comme un coup au cœur. Ce n’est pas mon avis. Cette Parole au contraire est l’identité réelle de sa Mère. Qui a entendu la Parole de Dieu par la voix de l’Ange? Marie. Qui a mis en pratique cette Parole au point d’y croire et de s’abandonner aux vouloirs de Dieu? Marie.
Le texte évangélique ne dit pas si Jésus est sorti de la maison par la suite ou si Marie est entrée dans la demeure où Il se trouvait.
Le Carême de Marie ne serait-il pas de rester dehors avec ceux qui désirent Le prendre de force et Le ramener à Nazareth? Elle reste dehors tout en étant spirituellement à l’intérieur. Dehors avec le clan familial, elle porte le poids de leurs incompréhensions et de leurs manques de foi. Dehors, elle est celle qui fait partie de cette famille élargie que Jésus désigne comme étant des frères, pères, mères, sœurs. Celles et ceux qui écoutent et mettent en pratique la Parole de Dieu.
Marie sait très bien qu’Il ne se soumettra pas à ces courtes vues. Il a pris l’étendue de sa liberté à l’intérieur de la Volonté du Père pour faire entrer l’Humanité dans cette demeure dont l’amour est le cœur. Le Carême de Marie est de vivre parmi son clan énervé, une famille qui veut mette un frein aux activités étranges du prophète, car, nous dit le texte évangélique, « ils n’avaient pas même le temps de manger » tant il y avait du monde. Quand on est ainsi happé par tous les besoins de tant de gens, on se trouve à l’intérieur des affamés et assoiffés de toutes les faims et soifs dont Lui seul peut les rassasier.
Denis Veilleux