La périphérie de Noël
Dans l’Église catholique, depuis plus de 10 ans, le mot que nous avons le plus entendu est celui de ‘périphérie’. Une sorte de porte à ouvrir, lointaine, et qui demande un certain déplacement. À Buenos Aires, la périphérie c’est très loin comme dans les villes surpeuplées du monde. De même au Caire en Égypte. Là, la périphérie a tellement bien marché depuis des décennies que les pyramides et le Sphynx sont à proximité des quartiers populeux, coincés si on pourrait dire.
La périphérie de Noël est aussi réelle. Dans tout l’univers – bien que des civilisations non-chrétiennes ont leurs fêtes traditionnelles nationales – le temps de Noël fait le tour du monde. Vous y retrouvez les symboles plus commerciaux, mais quand même. Ce qui veut dire que les célébrations de Noël, qui concernent celles de notre foi en Dieu, en Jésus son Fils, venu en ce monde, vraiment Dieu vraiment homme, né de la Vierge Marie est une histoire connue ou presque. En Inde on le sait comme en Chine.
Au Québec, la périphérie touche l’ensemble de notre société. On a des jours fériés. Et puis tous ces partys qui défilent comme nos sapins avec leurs apparats. La périphérie de Noël entre dans nos maisons, se retrouve sur nos écrans et pour les croyants et croyantes c’est la célébration de la Nativité, la naissance de Jésus à Bethléem. La plupart connaisse encore cette histoire. La messe de minuit n’est plus à minuit, la guignolée dans certains milieux. Or ce marché des charités et des générosités est demeuré intact dans le cœur du Québec. En périphérie, on finit par revenir à la source qu’elle soit nommée ou pas.
Les malades seront visités peut-être, les familles tenteront de se retrouver, les enfants pour certains iront chez papa à Noël et au Jour de l’An chez maman avec les mamies et les papis. Une sorte de recensement annuel des parentés morcelées qui portent le désir d’unité, de retrouvailles, de joie, de paix.
La périphérie de Noël, c’est la Bonne Nouvelle d’un monde réconcilié, attendu depuis la nuit des temps et qui, à cause de Jésus et de l’Histoire de cette communauté naissante au Proche-Orient, continue de croire en ce Dieu qui est la Vie et que la Vie est encore la Lumière des humains. ‘ En Lui était la Vie et la Vie était la Lumière des hommes. Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous’. Littéralement, nous lisons qu’il a planté sa tente parmi nous.
De la tente plantée parmi nous à la crèche de Bethléem, nous sommes là comme une Humanité penchée sur un berceau. Nous regardons le corps du monde vivre, pleurer, avoir faim, être nourri, lavé, porté dans les bras, consolé, et enfin endormi par nos cantiques de beautés.
La périphérie de Noël, c’est chacun de nous entrant par la porte de l’Histoire et laissant venir en nous L’Emmanuel : Dieu avec nous. C’est Jésus enfant avec nous et nous enfant avec Jésus. Nous sommes sa crèche et tous ses invités.
Denis Veilleux