La grande leçon des étrangers
Perdre la vue de l’Étoile en arrivant à Jérusalem, la ville de la Paix. N’est-ce pas ce que le monde vit en ces heures? La ville de la Paix, c’est l’histoire du monde dont la lumière s’est éclipsée dans la nuit de la guerre. La guerre engendre la guerre, les autres guerres. La guerre enfante la riposte, la défense, la vengeance, et les autres petits monstres qui volent un peu partout pour faire couler le sang.
Jérusalem, dominée par le roi qui fait venir les scribes pour résoudre l’énigme de ces gens venus d’ailleurs, fouille dans les rouleaux pour indiquer que l’Élu devrait naître à Bethléem, la ville de David. Les scribes disent la vérité entendue par le roi fou de son pouvoir.
Les étrangers s’en vont en direction de Bethléem et trouvent. Venus d’Orient, ils laissent l’or aux pieds du roi tout petit, le Messie. Ils adorent. Ils déposent de l’encens, ce parfum qui monte vers le ciel embaumant la destinée du petit dans la prière. Enfin, ils offrent un flacon de myrrhe. Tout être humain a droit à vivre et à mourir dans le baptême de Celui qui est né pour mourir de notre mort, la pire qui soit, celle du péché, et nous emporter dans l’air pur de la résurrection de la chair.
Les étrangers, venus d’Orient savent-ils ce qu’ils font ? Sans doute, ils le font comme une prophétie en trois actes qui annoncent la foi de celles et ceux qui viennent de très loin; la charité de celles et ceux qui sont très proches; et l’espérance de ceux et celles qui viendront et suivront le parcours jusqu’à la fin du monde.
De Jérusalem à Bethléem, de la ville de la paix à celle de la Maison du pain, le sens de la Vie est manifesté à tous et toutes. Les affamés de pain trouveront la paix lorsqu’ils le mangeront. Les assoiffés de paix trouveront le pain lorsqu’ils le donneront.
Personne ne pourra le faire seul. Personne. Il n’y a que Jésus qui se lève plus grand que l’étoile et qui s’avance de Bethléem vers Jérusalem pour y planter la croix de son Amour et faire venir le souffle nouveau sur notre humanité essoufflée. Il est le berger de toutes les Nations, de toutes les couleurs, et de toutes les langues. Il vient encore pour faire paitre le monde dans des pâturages verdoyants. Il est le Berger de tous les repos donnés par le Père à tous ses enfants qui le cherchent.
Avertis en songe, les étrangers prendront quant à eux un autre chemin. Ils n’obéiront pas au menteur qui règne sur Jérusalem. Puis, l’orage éclatera dans le cœur du roi fou qui rasera tous les petits de moins de deux ans. Ce que le pouvoir peut faire aux innocents!
Aujourd’hui, cette histoire nous concerne. Où est l’or, l’encens et la myrrhe à offrir?
L’or du respect de la vie dès la conception, l’encens du respect de la mort naturelle, la myrrhe des soins de tout manque quel qu’ils soient.
Aujourd’hui, la foi éclaire-t-elle nos choix? L’espérance est-elle une poussée de réconfort à donner comme à recevoir? La charité ouvre-t-elle les portes non seulement des maisons mais celle du cœur?
Ici et maintenant, avec Lui tous les jours, selon sa promesse.
Denis Veilleux