La fenêtre de Matthieu
Dans l’église Saint-Louis-des-Français à Rome, se trouve un tableau du peintre Le Caravage. Il s’agit de l’appel que Jésus fait à Matthieu, collecteur d’impôts. En passant devant sa table Jésus lui dit : « Suis-moi! ». Dans cette scène, sans doute que Jésus fait entendre sa voix et désigne simultanément de la main le collecteur d’impôts dont la tête est penchée. Jeune adulte, il est destiné à une vie de riche, de repus, et nous voyons bien que le soir de cet événement, il invite Jésus à prendre le repas dans sa maison. Une maison remplie de personnes – femmes et hommes – dont les vies frôlent les fragilités humaines. Ils seront désignés pécheurs par les pharisiens, furieux de ce qui se passe. Comme réponse à leur indignation, ils auront : « Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs. »
Dans le texte évangélique, il est écrit de Matthieu : l’homme se leva. Ces mots m’ont toujours frappé. C’est toute l’histoire de cet homme qui se met debout et qui avance dans la confiance et l’amour envers Jésus en le suivant. L’homme se leva, c’est vous et moi qui de jour en jour nous levons avec notre poids de pauvreté, de faiblesses et de limites. Nous sommes des pécheurs. Cela ne nous empêche pas de nous lever, au contraire. Nous sommes appelés là où nous nous trouvons, à tel lieu, à telle heure, à la place où nous sommes.
Le tableau du Caravage est magnifique. Or, ce qui me plait ce ne sont pas les personnages, ni même Jésus. C’est plutôt une fenêtre placée en hauteur. Ça respire, une fenêtre qui laisse entrer la lumière. C’est cette fenêtre que Jésus est venu montrer à Matthieu, prisonnier de son statut de collecteur d’impôts. Comme s’il lui disait : Tu peux regarder plus haut, suis-moi. Dans cette fenêtre, on voit clairement une croix traçant les contours vitrés. L’artiste a clairement indiqué que ce chemin sera marqué par cette croix en pleine lumière. « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive. » dit Jésus.
Ici, ce n’est plus le tableau d’un peintre célèbre, c’est le dessin de notre vie à la suite de Jésus. Une fenêtre avec une croix ou une croix sur une fenêtre. Vous n’avez qu’à choisir, mais de l’un ou de l’autre, vous rencontrerez la croix à l’intérieur et à l’extérieur de vous-même. Jésus ne craint pas de nous appeler pour nous remettre debout et nous dire, comme à Matthieu le publicain : « Suis-moi. » Levons-nous!
Denis Veilleux