La couleur des yeux

Je me suis souvenu ces jours-ci d’une rencontre à Radio Galilée il y a plusieurs années. Un religieux Carme, Guy Gaucher, qui fut quelques années évêque et qui demanda à revenir au couvent des Carmes pour raisons de santé. C’est si simple de dire que l’on n’est pas à notre place. C’est ce qu’il a fait : ‘je ne suis pas à ma place et je suis malheureux.’ C’est alors qu’il continua à approfondir les textes de Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus dont il fut le grand spécialiste. C’est lui qui proposa à l’Église catholique de lui donner la reconnaissance de Docteure de l’Église. Une jeune carmélite morte à 24 ans qui devient Docteure de l’Église. Là, il était à sa place à faire connaître la sagesse de sa doctrine appelée l’enfance spirituelle. Elle consiste à se considérer réellement comme un enfant aimé de Dieu. Le Père nous aime tellement qu’il se penche pour nous aider à monter. Tu n’as qu’à te mettre au pied de l’escalier et c’est Lui qui viendra te prendre et te faire monter d’un seul coup par la puissance de sa miséricorde. Elle en parle comme d’un ascenseur. Être Docteure de L’Église c’est aussi la soigner. Et en ces temps difficiles nous avons besoin d’être soignés par cette sainteté des humbles et des tout-petits. Cette sainteté ne demande pas des efforts héroïques et des trophées, elle demande tout simplement d’aimer. Elle l’écrira : ‘aimer c’est tout donner et se donner soi-même.’ Avons-nous oublié ces mots simples, ces chemins de santé, ces zones d’enfance spirituelle dont on manque tellement? Le Seigneur au cours des siècles a placé au milieu de son Église quelques enfants. François d’Assise au 12e siècle, Thérèse de Lisieux au 19e siècle et ici chez-nous, au 18e siècle, Katéri Tékakwitha canonisée le 21 octobre 2012 par Benoit XVI.

Je termine en vous racontant ce que j’ai demandé au carme Guy gaucher lorsque je l’ai rencontré. Une chose m’intriguait. Ce que je préfère dans les photographies ou images de Thérèse de Lisieux, ce sont les photos en noir et blanc, les authentiques. Or avec un procédé moderne on a mis de la couleur afin de nous rendre plus vrai le visage. On a donc mis ses yeux de couleur bleue. Je me disais que ce n’était pas possible. Voir Thérèse Martin avec des yeux bleu, non! Mgr Guy Gaucher me répondit : ‘elle avait les yeux pers.’  Donc, ni noir, ni brun, ni bleu, mais pers, couleur tirant sur le bleu vert. C’était la couleur des yeux de maman.

Tel un enfant, le regard pur de Thérèse, profond, celui de la Docteure qui soigne et enseigne la voie de l’enfance spirituelle, celle des tout-petits qui se laissent prendre par l’Amour infini de Dieu.

Denis Veilleux

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