De fontaine en fontaines

Je n’étais pas à Québec mais au Québec. J’entrai quelques instants dans une église.

Il n’y avait personne. Puis, derrière moi, j’entendis un mouvement. Des gens étaient entrés. Je vis alors à ma gauche un jeune homme avant la trentaine à mon avis, se placer assis, mais penché. Comme il y avait des livres de chants et prières il en prit un tout de suite. Poursuivant ma prière, je communiai à la sienne. Il resta un bon moment alors que les autres déambulaient.

C’est alors qu’intérieurement je me disais : nous sommes tous comme de petits oiseaux qui viennent à la fontaine chercher ne serait-ce qu’une goutte d’eau. Il est clair qu’il cherchait cette goutte d’eau dans un mot, une parole. Il priait.

Puis il repartit. Avait-il trouvé ce qu’il cherchait, je ne sais. Il représentait tant de gens qui entrent dans toutes les églises du monde pour respirer un peu de silence, et j’ajouterais un peu de ‘sacré’.

Le mot ‘sacré’ exprime une mise à part, une séparation avec le profane. Un ou une consacrée est mis à part, en dehors du circuit pour vivre de Dieu. Et ce n’est pas nous qui choisissons. Pensons à la parole de Jésus : « ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisi. »

Ce jeune homme avait non seulement besoin d’un mot pour que son cœur soit éclairé, mais aussi d’un moment à l’écart pour recueillir sa vie un tout petit instant. Tout comme moi, entré pour prier et regarder le tabernacle, la maison de Jésus comme disent parfois les grands à leurs petits. La maison de Jésus dans l’église est toute petite et Celui qui l’habite s’est fait ‘pain de vie pour la vie éternelle’.

Je repense à cette allégorie du petit oiseau qui cherche son eau sur le bord d’une fontaine. Il ne reste pas très longtemps, frétille, et lorsqu’il a eu sa goutte d’eau il s’envole avec une certitude : celle qu’il trouvera en chemin une autre fontaine qui lui donnera une autre goutte d’eau. De fontaine en fontaines, nous aussi, cherchons cette goutte d’eau, ce mot, cette pensée qui ne viendra pas de nous et que le Seigneur exaucera dans cette halte qu’Il prend au sérieux.

Denis Veilleux