Comme Il était

La Parole de Dieu ne cesse de se laisser découvrir. On y trouvera toujours au gré d’une expression qui semble banale ou accessoire, un véritable sens. Ainsi, dans un extrait de l’évangile de Marc où il est question de Jésus qui, le soir venu, dit à ses disciples : « Passons sur l’autre rive ». On comprend que la journée a été remplie par les enseignements auprès des foules et qu’il a fait maintes guérisons. Or, ce n’est pas cette expression qui retient mon attention. C’est plutôt celle-ci : « ils emmenèrent Jésus, comme il était, dans la barque… ». C’est ce qui adviendra qui révèle ce ‘comme Il était’. On a l’impression qu’Il est amené dans la barque comme un prisonnier aux mains des soldats, ou mieux conduit par des gardes du corps.

Une tempête éclate sur le lac lors de cette traversée. L’effroi saisit ceux qui sont dans la barque envahie par les vagues qui la remplissent. Les cris ne suffisent pas, et encore moins la barque ballotée par les vents, à réveiller Jésus qui dort sur le coussin à l’arrière. Il dort profondément. Et nous connaissons la suite. Après avoir été réveillé, Il entend ce reproche: « cela ne te fait rien?» Jésus ne réplique pas à cette remarque, mais impose le calme aux vents et à la mer.

Ici, se révèle l’expression « comme Il était » au moment où quittant la foule, ils l’emmenèrent dans la barque. Comment était-Il? C’est simple. Fatigué de cette journée fort remplie, à être aux uns comme aux autres. Tellement, qu’Il se rend à l’arrière de la barque et sur un coussin Il s’endort. « Comme Il était » évoque sa fatigue de la journée, mais également le fait d’être conduit par les disciples pour éviter que la foule ne se l’arrache encore. Les disciples l’ont protégé et cela se comprend si bien que, dans le réveil de Jésus au sein de la tempête, ils Lui reprochent : « cela ne te fait rien! » En d’autres mots : ‘nous nous sommes occupés de toi, nous t’avons protégé jusque dans la barque et voilà qu’une tempête survient et que tu disparais. ‘Cela ne te fait rien’ pourrait se traduire par : ‘Protège-nous car nous l’avons fait pour toi!’

Jésus en appellera à leur « absence de foi ». C’est plus grave que de manquer de foi. Que dit-Il : « Pourquoi êtes-vous si craintifs? N’avez-vous pas encore la foi? » Et comment l’auraient-ils cette foi? Par ce qu’ils ont vu et entendu. Ils viennent de passer toute la journée à L’entendre et Le voir guérir et consoler. Sa seule présence suffit dans la tempête personnelle de tout un chacun. La peur, toujours la peur provoque l’absence. Il ne Le voit plus, ne L’entende plus dans le fracas de la tempête et de ses vagues qui remplissent la barque. Il est devenu absent de leur pensée.

Peut-on penser que la tempête étant, leur foi vive et présente aient suffit à ne pas réveiller Jésus et à se grouper autour de lui pour attendre que la mer se calme? Pourquoi pas? Sans doute auraient-ils espérer que cette situation pénible se règle rapidement? C’est humain! Or, la foi serait-elle de ne rien faire? Bien au contraire, c’est de mettre toute sa confiance dans le fait que Jésus est présent, même s’Il dort.

C’est d’ailleurs ce qu’écrira un jour Thérèse de Lisieux. Quand Jésus semble s’absenter, dormir, elle ne le réveille pas. C’est dire toute sa foi en sa Présence.

Nous aussi, nous traversons des tempêtes parfois, nous pourrions prier dans le calme de la Présence de Jésus, même si sensiblement Il nous parait absent. La foi est aussi de Le laisser dormir dans la barque de nos vies. Ne craignons pas son absence, car Il est là tout présent, dormant.

Denis Veilleux

Partager cette page

© 2022 Radio Galilée | Constella - Agence créative