À nos places, svp!
Un jour, je me trouvais dans un aéroport bondé. Une longue file d’attente dont je faisais partie. Derrière moi, une jeune maman, avec ses deux enfants, trépignait. Je dis bien que c’est la maman qui trépignait et non pas les enfants. Sans doute craignait-elle de manquer l’avion. Or, chacun tenait SA place et personne n’aurait devancé qui que ce soit tellement il y avait de la tension. Il fallait passer au poste des douanes, passeport en mains. La maman regardait défiler les gens les uns après les autres espérant que vienne son tour. Puis, vint le mien, mon tour. C’est alors que je me tournai et lui cédez ma place. Elle se précipita avec les enfants. Mon tour viendrait après. Jamais elle ne me remercia, absorbée dans sa bulle qui allait prendre son envol.
Il existe naturellement une hiérarchie dans nos vies. Ne serait-ce que celle de la famille, les parents, grands-parents, les enfants entre eux. L’idéal serait toujours la bienveillance. Hélas, elle n’est pas toujours en première ligne.
Dans l’évangile, Jésus raconte une parabole, qui de fait, est une question. Un employé et son maitre. Pensons au Moyen-Orient à l’époque de Jésus où des maitres ont des serviteurs qui travaillent pour eux. Jésus raconte : ‘un serviteur revient des champs où il a travaillé toute la journée. C’est l’heure du repas. Va-t-il s’attabler avec le maitre comme ça? Non, le maitre lui demande de préparer le repas et ensuite de le servir. Plus tard, il mangera.’ La leçon de Jésus est pour ses disciples : Considérez-vous comme des serviteurs ou servantes qui ont fait leur devoir! Certains peuvent être choqués d’une telle attitude.
Le devoir. Pas toujours drôle. Le devoir sans bienveillance, et je dirais sans véritable considération, est un esclavage. Le devoir avec bienveillance et considération est une histoire de cœur. Le devoir sans cœur mène au mépris. Le devoir avec cœur conduit au respect et à la paix.
Ce que je remarque également dans cette histoire, c’est le respect des rôles. Le serviteur qui fait son devoir ne prend pas la place du maitre et le maitre ne fait pas du serviteur son chouchou. Ici, pas de confusion ou de fusion qui mène à l’emprise de part et d’autre.
Disciples du Seigneur, nous sommes des serviteurs et servantes d’un grand amour et c’est là notre devoir qui demeure un espace de liberté. Cette liberté nous sort d’un éventuel esclavage méprisant ou d’une méprise des rôles.
À bon entendeur, salut!
Denis Veilleux